Épopée vélocipèdique 1

Juliette et moi sommes parties en vélo pour la journée. Nous voulons aller à Pont à Mousson. Nous avons quitté l’auberge du grand cerf à 8 heures.

Il y a 2 semaines, j’ai acheté une carte IGN parce que je trouve que ça donne du sens à notre aventure. Nous avons donc regardé la carte avant de partir. C’est quasiment tout droit le long du canal de la Meuse au Rhin.

Nous nous engageons sur la berge après avoir quitté le village. Il fait beau et nous discutons. Je suis contente parce que Juliette se livre plus que le reste de l’année. Je crois qu’une réelle complicité apparaît entre nous.

Au bout de quelques kilomètres nous apercevons un cycliste en sens inverse. Il est grand, brun, musclé, les cheveux châtains mais il ne roule pas droit. A quelques mètres de nous, il décide de prendre le côté droit du chemin, le long du canal, et son vélo se met de travers et il plonge dans le canal. 

On pousse un cri. On pose les vélos et on se précipite. Il est accroché dans les buissons, la tête dans l’eau, les pieds en l’air. Je ne sais pas comment il respire. Il bouge et arrive à dégager un de ses pieds mais se retrouve alors tout le corps dans l’eau et il ne peut plus respirer. Il agite son pied resté accroché mais il ne se passe rien. Nous ne pouvons pas atteindre son pied pour l’aider parce qu’il est trop loin. Après de longues minutes à gesticuler il s’arrête et ne bouge plus. Juliette et moi, nous nous regardons sans savoir quoi faire. Il est trop loin, il est trop tard.

Puis une violente secousse tire le vélo vers le bas qui s’arrache des buissons et tombe au fond du canal. 3 secondes plus tard le beau brun réapparaît en tenant son vélo. On se penche et on attrape le vélo que l’on arrive à sortir du canal. Il escalade la berge et nous rejoint.

Il nous explique alors que, voyant qu’il n’arrivait pas à se décrocher, il a tenté le tout pour le tout. Il attrapé une grosse branche au fond de l’eau et il a tiré de toute ses forces en espérant arracher le vélo, ce qui a heureusement marché.

On lui demande alors comment il a fait pour tomber à l’eau. Il nous explique qu’il a crevé 3 fois la roue arrière et que n’ayant plus de rustine, il a décidé de rentrer chez lui sur le pneu crevé. Quand il nous a croisé, il a été distrait et la roue arrière est passée dans une ornière, ce qui l’a précipité dans le canal.

Il a dit être distrait et j’ai cru voir qu’il me regardait avec attention quand on s’est croisé. Il avait même esquissé un sourire. Serait-ce moi sa distraction ?

Toujours est-il qu’il est reparti tout trempé. Peut-être nous reverrons nous le long de ce canal ?